« Ils pensent qu’ils n’ont que des droits »

Palais de justice de Paris, 28e chambre correctionnelle, lundi 20 septembre. Je ne suis pas en avance ce matin. Lorsque je me fraie un chemin dans la 28e, je comprends que le tribunal a déjà délibéré. J’enrage in petto.
Le gendarme de service me tombe sur le râble : « vous avez une convocation ? » – « non » réponds-je. « Ah vous êtes spectateur ? » s’étonne-t-il alors, et, pour qu’il me fiche la paix, je confesse : « oui voilà, je suis spectateur ». À la barre, Monsieur Xu père et Mademoiselle Xu fille se présente. Le père fait la traduction pour sa fille. Cette dernière écope d’une peine de 6 mois  d’emprisonnement assortie d’un sursis. La Présidente sermonne la fille en la pointant du doigt : « c’est pas bien hein ? Il ne faut pas recommencer d’accord ? Sinon aie aie aie ! » La petite Chinoise remercie le tribunal de moult courbettes chargées de honte et de pudeur et se retire, la tête haute. La scène qui suit est assez comique et met en scène un couple d’origine africaine. La femme porte un habit traditionnel très coloré, lui, a revêtu un costume de zoot suiter rouge. La Présidente prononce un non-lieu plein d’exaspération. Elle s’emporte d’un coup : « Madame, à l’avenir, ne dérangez plus les policiers pour des engueulades avec votre mari. Ils n’ont pas que ça à faire ! Nous non plus d’ailleurs… » La femme en boubou s’agite à son tour et s’indigne : « Quoi ! Comment ! Mais il ne va pas en prison ? » Sur son perchoir, le Proc intervient calmement : « vous ne comprenez donc pas ce que l’on vous dit ? » Pour enfin échapper à l’absurdité de la scène, le mari silencieux prend sa femme par le bras et la tire vers la sortie après avoir remercié le tribunal. Elle se débat mais le balèze tient bon, et ils sortent tous deux dans une sarabande plus qu’énergique. Avant de suspendre la séance, la Présidente s’adresse à l’assistance, étrangement nombreuse : « Vous êtes une classe ? » Une femme se lève : « Non. Ce sont des stagiaires dans des cabinets d’avocats. » Puis, une jeune stagiaire prend la parole. « LEVEZ-VOUS ! » lui ordonne la Présidente – « Je suis innocente ! » ironise la stagiaire d’une voix fluette en s’avançant à la barre pour poser sa question. Rires. Très impressionnée, elle se lance : « Je remarque la dureté de certains de prévenus dont le comportement est souvent violent et… » – « Ah c’est pas toujours facile vous savez. Ils pensent qu’ils n’ont que des droits. Et ils n’ont pas d’éducation, alors ! » coupe la Présidente. Le Proc’ d’ajouter : « parce qu’on leur répète à longueur de journée qu’ils n’ont que des droits et pas de devoir ! » Silence. La jeune femme regagne sa place visiblement soulagée de ne pas avoir posé sa question. « Bien. Monsieur le Procureur, pas d’autres réquisitions ? » blague la Présidente. – « Si ! Je tiens à dire que si je suis assisté par un second Procureur, c’est parce que je suis aveugle » avoue-t-il. Les stagiaires en cœur : «  Oooooooh ! » Presque fière de cette excentricité, la Présidente lui dit : « Voyez Monsieur le Procureur, personne n’avait vu ! »
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