La robinsonade réussie de François Garde

Tiré d’une histoire vraie, François Garde s’approprie pour son premier livre le destin de Narcisse Pelletier, jeune matelot échoué sur une plage australienne. Sujet éclusé mais réhaussé dans Ce qu’il advient du sauvage blanc a juste titre salué par la critique.
5 novembre 1843, Narcisse Pelletier est matelot sur la goélette Saint-Paul. Sur une plage australienne, il manque le départ de sa chaloupe pressée de mettre le large avant l’arrivée de la tempête. Dix-sept ans plus tard, il est retrouvé par hasard par un équipage anglais. Nu et tatoué, il sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qu’il l’a recueilli. Il a perdu tout usage de la langue française et répond désormais au nom d’Amglo. À une époque où la hiérarchie des races est une certitude, Amglo est une figure insupportable dans les représentations mentales du 19ème siècle. On le capture de force, et le confie au géographe Octave de Vallombrun pour tenter de le réadapter à la civilisation européenne. Ce qu’il advient du sauvage blanc est un livre deux en un, oscillant entre le récit du naufragé sur l’île et celui du géographe décrivant la transformation clinique du « sauvage blanc » en citoyen européen à travers quatorze lettres adressées au Président de la société de géographie. Octave de Vallombrun cherche à comprendre ce qu’il s’est passé pendant ces dix-sept années. Confronté à ses préjugés d’européen, il s’interroge sur les différences et le bien-fondé des deux cultures. Ces lettres permettent à l’auteur, François Garde, d’insérer des considérations anthropologiques fortes et des théories sur l’apprentissage du langage. L’importance donnée à ces observations se digère assez facilement grâce à l’écriture nerveuse et au sens de l’aventure de l’auteur. François Garde évite habilement le piège de l’exotisme, on est loin d’un enième remake de Robinson Crusoé qui met toute son énergie à organiser sa vie selon les codes de la civilisation dont il est issu. Narcisse, lui, abdique pour survivre et perd progressivement son polissage occidental. Ce qu’il advient du sauvage blanc n’est pas un rapport dénonçant le racisme colonialiste de l’époque (ce qui a déjà a été fait dans l’excellent Cannibale de Didier Daeninckx), mais une réflexion sur les sciences humaines et sur notre rapport à l’autre. Et on finit par se demander de qui de Narcisse ou d’Octave est le plus sauvage. « Il alla au bord de la falaise, face à la mer dont le bleu dur s’assombrissait, mit ses mains en porte-voix, et hurla : « Je suis Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul. » Devant cet horizon illimité, ses paroles se perdirent sans écho. Mais il lui sembla, par cette proclamation, avoir recouvré un peu de dignité. »
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