Holy Fuck
Il s’agit bien du nom du groupe, tout en retenue et en fines connotations. Les quatre garçons viennent de Toronto, ce qui a le mérite de changer un peu et relativiser le monopole de Montréal comme capitale de la musique canadienne. Le groupe ne date pas d’hier, ils se sont formés en 2004 avec l’espoir de donner naissance à une musique électronique qui ne soit pas uniquement tributaire de l’ordinateur. Ils ont donc cherché d’autres moyens, analogiques (batterie, basse…) et Lo-Fi (jouets) pour façonner une musique qui soit électronique, moderne et mélodique.
Ils avaient déjà fait parler d’eux avec leurs deux albums précédents Holy Fuck en 2005 et LP en 2007. Quelques pubs, des passages remarqués au SXSW (Austin) festival, ainsi qu’un remix du titre Nude de Radiohead leur a permis de se faire une place dans le panorama électro mondial.
Latin
Ce troisième album (qui sort le 15 mai) est une expérience qui doit se vivre comme un tout. Qu’il est difficile de compartimenter cette longue cavalcade que ce soit en termes de morceaux ou d’étiquettes musicales ! Le son du quatuor nous happe dès les premières secondes, sans prévenir.
D’abord enveloppés par un brouillard bruitiste faisant office de toile de fond, on se prend de plein fouet les pulsations presque martiales qui nous assaillent et qui ne nous lâcheront plus, jusqu’à nous laisser choir, exténués mais heureux, à la toute fin de l’album. Le rythme est effréné, on fonce au cœur d’une forêt de sons saturés, en passant d’un Math-Rock puissant à de la drum and bass sauvage. La batterie et la basse mènent, en effet, la danse, en ramenant à la vie une certaine transe Post-Rock alliée à un groove tribal. C’est un grand brassage hybride auquel on assiste du bout de nos écouteurs et qui, même s’il est parfois un peu démonstratif, reste d’une efficacité à toute épreuve.